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JN° 87- '

UN OCULISTE DU XII* SIÈCLE

BIENVENU DE JÉRUSALEM ET SON ŒUVRE

LE MANUSCRIT

DE LA

THÈSE

Présentée et publiquement soutenue à la Faculté de médecine de Montpellier

LE 29 JUILLET 1901

PAR

. \

Ch. LABORDE

à Alger.

POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR EN MÉDECINE

MONTPELLIER

IMPRIMERIE centrale' DU MIDI

(hameltn frères)

I

1901

A MON PRÉSIDENT DE THÈSE

MONSIEUR LE DOCTEUR TRUC

PROFESSEUR DE CLINIQUE OPHTALMOLOGIQUE A LA FACULTE DE MONTPELLIER

A MON AMI LE DOCTEUR P. PANSIER

D’AVIGNON

A MON AMI DOCTEUR L. REYNÈS

CHEF DE CLINIQUE OBSTÉTRICALE A LA FACULTÉ DE MONTPELLIER

CH. LABORDE.

UN OCULISTE DU Xü« SIÈCLE

BIENVENU DE JÉRUSALEM ET SON ŒUVRE

\

LE MANDSCRIT

DE LA

BIBLIOTHÈQUE DE METZ

.

INTRODUCTION

I

Si l’œuvre de Bienvenu de Jérusalem fut au moyen âge le véritable code de l’oculistique, il n’en est pas moins vrai que les détails biographiques qui nous sont ^parvenus sur cet auteur sont très vagues et fort incomplets.

A quelle époque aurait-il vécu? Les renseignements tirés de son œuvre même sont assez peu explicites à ce sujet. L’au- teur le plus récent qu’il cite est Johannitius ou Honein ben Isaac, qui mourut en 873. D’autre part, il ne cite ni Alkoatim (XII™® siècle); ni Canamosali (XI™® siècle), ni Jésus Hali X™' siècle) ; et cependant ces médecins arabes très célè- bres se sont eux aussi occupés spécialement des affections

8

D’autre part, d’après Malgaigne, il serait aniérieur à Guy ! de Chauliac, qui le cite, et postérieur à Bernard de Gordon, | qui n’en parle pas. Enfin Jean Yperman, le père de la chirur- | gie flamande, qui vécut de 1295 à 1351, et qui est donc un peu j antérieur à Guy de Chauliac, lequel écrivit sa grande chirur- gie en 1363, le cite également. Ce Jean Yperman professait ! la chirurgie à Ypres, vers 1328; dans le second livre de sa j chii’urgie, mis au jour et annote par Snellaert {in Annales de ; la Société de médecine de Gand, 1854), il invoque souvent l’autorité de Maître Benevoud. C’est la plus ancienne citation de Bienvenu qui soit connue.

On peut donc en concUre avec une apparence de certitude qu’il a vécu au XII™® ou au XIII™® siècle. C’est du reste l’opinion la plus généralement adoptée, et la nouvelle biogra- i phie générale de Firmin Didot nous donne sur lui la notice j suivante :

Grapheus ou Grassus, médecin italien, appartenait à l’École de Salerne; il vivait au XII™® siècle. Il a laissé deux ouvrages en latin barbare :

Ars probata de oculorum affectibus ; Turin 1492, in-4°; Venise 1497, in-folio.

Tractatus de oculis eorumque ægritudinibus et curis; Ferrare 1474, in-4°.

Kestner, Medicinische Gelehrten-Lexikon, p. 358.

La même incertitude existe en ce qui concerne le nom exact de l’auteur qui nous occupe On trouve ce nom de Benevenu- tus Grapheus de Jérusalem orthographié de bien des façons : on l’appelle dans les différents textes : Grassus, Crassus, . Grapheus, Griphus, Criphus, Graffeus, Raffe, Grasse, Graffe. Nous avons adopté l’opinion de M. Albertotti, l’érudit proies- I seur d’oculistique de l’Université de Modène à qui l’on doit

9

de remarquables travaux (1) sur Bienvenu, et qui pense qu’on devrait l’appeler du seul nom qui ne varie pas dans les diffé- rents textes, soit Benevenutus Hierosolimitanus ou Bienvenu de Jérusalem.

II

Comme bien l’on pense, les détails qui nous sont parvenus sur la vie de Bienvenu n’offrent guère plus de précision. Il paraît évident qu’il a étudié la médecine ou qu’il l’a profes- sée à Salerne (2). Dans le texte provençal de la bibliothèque ■. de Bâle, il est appelé Benvengut de Salem, et dans les diffé- ; rents textes il cite fréquemment les médecins de Salerne.

De plus, il était de Jérusalem comme il ie dit lui-même à > diverses reprises. On ne peut cependant en conclure avec Daremberg qu’il était Juif (3). Il n’est pas de texte en effet ne soient invoqués Jésus-Christ, la glorieuse Trinité, et i des prières ou des pratiques de la religion catholique; en {■ outre, dans le manuscrit de Metz que nous publions plus Y loin, il dit: (a XXV)... nos autem christiani.. En admettant que

< .

(1) Albertotti : Benvenute Grassi Hyerosolimitati... De ocuUs eorunque egri- X tudinihus. Incunablo Ferrarese dell aniao 1474. Con notizce Bibliografiche, \ Pavia, 189.7, in. 8°. Considerazioni intorna a Benvenuto, ed alla sua opéra of- I talmocatrica, Pavia, 1898, in-8°.

L’opera oftalmocatrica de Benvenuto nei codici negli incunabili e nelle 1^. edizione moderne, Modena, in-4°, 1897.

% I codici Riccardiano, Parigino, ed Ashbnrnhamiano dell’opei'a oftalmocatiica * de Benvenuto, Modena, in-4°, 1897.

■r (2) D'" Pj^nsier et Ch. Laborde, Le Compendil de Bienvenu de Jérusalem. Paris» P Moloine, éditeur, 1901.

I (.8) Id., iUd.

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certains des passages la religion intervient soient des additions de copistes fervents, il y a une trop grande unani- mité à ce sujet entre les différents textes pour que l’on puisse douter des sentiments catholiques de celui qui les a inspirés.

Enfin, malgré le vague de tous ces renseignements biogra- phiques, on peut tirer de l’œuvre de Bienvenu la certitude qu’il a beaucoup voyagé. Une. habitude courante au moyen âge consistait à étudier et à prendre ses titres dans diverses Fa- cultés (1). Bienvenu nous raconte qu’il a pratiqué en Calabre, en Toscane, dans les Marches, en Sardaigne, en Sicile, à Pa- lerme, à Bologne. Il est sûrement passé à Montpellier. Le titre même du manuscrit de Paris « composé et compillé et ordonné à Montpellier » semble le prouver; ainsi que la men- tion « Iste liber constat in Montepessulano VI coronas » qui existe en dernière page du manuscrit de Monaco.

Mais se bornent tous les détails qui nous sont parvenus ' au sujet de Bienvenu de Jérusalem.

III

Au point de vue bibliographique nous sommes beaucoup mieux documentés sur son œuvre.

Si antérieurement à Bienvenu il existe peu d’ouvrages d’o- culistique (2), les textes et les éditions de l’œuvre de Bienvenu sont assez nombreux. Nous allons les citer en suivant l’ordre adopté par Albertotti (3) ;

(1) Docteur Pansier et Ch. Laborde, Le Compendil de Bienvenu de Jérusalem.

(2) Id., ihid. *

(3) Giuseppe Albertotti, L’Opera oftalmoeatrica di Bemvenuto (Modène 1897).

11 ~

Bbnvengut de Salern. Texte provençal du XIII* ou XI Ve siècle, possédé par la Bibliothèque universitaire de Bâle. Publié en 1886 par Berger et Auracher, et en 1901 par H. Teulié.

Benevenutüs Grapheus. De morbis oculorum. Texte latin, pos- sédé par la Bibliothèque amplioniana d'Erfnrt (XIIP-XIV* siècles).

Benvenuti Graphei. Practica oculorum. Texte latin de la Biblio- thèque de Monaco (XIV® siècle).

Benvenuti Graffei (Medici Salernitani). Ars probatissima ocu- lorum. — Texte latin de la I^ibliothèque de Monaco (XVi° siècle).

Ces deux derniers textes ont été fusionnés en un seul et publiés par Berger et Auracher (1884).

Benenemici Graphei. Ars probatissima oculorum. Texte latin du XV® siècle, possédé par la Bibliothèque universitaire de Breslau et publié en 1886 par Berger et Auracher.

Bbnevenutus. Texte latin du XV® siècle, possédé par la Bibliothèque Riccardiana de Florence (Albertotti 1897).

Bienvenu Raffe. Texte français du XV® siècle, possédé par la Bi- bliothèque Nationale de Paris et publié en 1901 par le docteur P. Pansier et Ch. Laborde.

Bbnevenutus Grapheus. Texte du XV® siècle, de la Bibliothèque Boncompagni de Rome (n° 330).

Bbnevenutus. Texte du XV® siècle, de la même Bibliothèque (n“ 50).

Binimitus Grapheus. - (Grafton) (Graston). - Codice Bodleyano (XV® siècle).

Bbnevenutus Graffeus. - Texte du Vatican (XV“# siècle).

Bbnevenutus de Jérusalem. Texte du Vatican (XVI*“« siècle).

Bbnevenutus de Jérusalem. Texte hébreu non retrouvé cité dans le texte du Vatican du XV1“* siècle.

Grapheus s. Grassus (Benvenutus). De oculis eorumque ægritudi- nibus et curis (Ferrare, 1474) (?)

Grapheus ou Grassus. Ars probata de oculorum affectibus (Turin 1492).

Benvenutus GrapheusdeJerusalem. Ars probata de ægritudinibus

oculorum (Venetiis, 1549, Langius).

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Benvenutus Graphbus. Practica oculorum. Texte latin compilé sur les manuscrits de la bibliothèque de Monaco et publié par Berger et Auracher, en 1884.

Benvenutus Grapheus. Practica oculorum. Texte latin et texte pro- vençal de Breslau, publiés par Berger et Auracher (Monaco, 1886),

Le manuscrit de la bibliothèque de Metz (n° 176) que nous publions est un manuscrit de la fin du XVI™* siècle, sur papier/ de 288™“ sur 214™™, à deux colonnes numérotées en chiffres romains, précédés de la lettre a. Les initiales sont en rouge, les rubriques en gros caractères soulignés de rouge. En marge sont des annotations de la même main que la troi- sième écriture du manuscrit, suivant d’Alcoati.

L’étude des différents manuscrits que nous avons cités permet de tirer les conclusions suivantes. Ils diffèrent seule- ment pour la forme, le fond étant à peu près identique. Ils donnent cette impression qu’ils procèdent tous du même enseignement. Ils se ressemblent à la manière d’une même leçon d’un maître, recueillie en diverses langues par différents de ses élèves. La plupart sont en latin, sauf un français, un provençal et un hébraïque (?)(1). En somme, une hypothèse très admissible, qui résulte de leur comparaison, permet de supposer qu’ils ne sont que des variantes d’un cours professé peut-être à Moptpellier.

Leur publication est importante, parce qu’elle permettra ultérieurement un groupement en divers types pour arriver à un texte unique et complet.

(1) Docteur Pansier et Ch. Laborde, Le Compendil de Bienvenu de Jérusalem.

INCIPIT ARS PROBATISSIMA DE CURA OCULORUM COMPOSITA A BENEVENUTO GRAPHEO DE IHERUSALEM

/

Auditores omnes audiant et circumstantes qui cupiunt au- dire novam scientiam et habere formam, virtutern, et addis- cere artem probatissknam de cura oculorum a me Benevenuto Grapheo compositam secundum dicta antiquorum philosopho- rum etmea.m experientiam per longum exercitium quod habui eundo per diversas partes mundi medicando tam in calidis quam in frigidis regionibus, adjuvante divino auxilio et sem- peragendo, in notitiis ægritudinum oculorum et in convales- " centiis eorum secundum accidentia cujuslibet humoris, et \ juvativis et expertis medicinis, et omnes circumstanlias et pro - I batissimas medicinas reducebam in scriptis semper notando ^ et in mea memoria conservando usquequo habui plenitudinem I de omnibus ægritudinibus oculorum et curis eorum tam de I causis et accidentiis, supervenientibus quam de curis neces-

t sariis pluribus, colliriis et emplastris, unctionibus et pilulis,

if purgationibus et electuariis, cauteriis et abstinentiis a con- i trariis, a regimine bonorum ciborum, et imposai nomen

iproprium cuiiibet infirmitati per se.

Hoc facto, omnia hæc congregavi simul, ordinavi et reduxi in scriptis in libro meo, et nominavi eum librum artem pro-

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batissimam oculoruin, et a me sic nominatus est, quia plenus i est medicinis expertis et probatis. Quia vidi quod necessa- ! num erat humanæ naturæ ideo quia auclores non ad plénum I tractaverunt de ista scientia sicut fecerunt de aliis scieiitiis I quæ pertinent ad medicinam, et iiullum vidi temppre meo qui | recto tramite sciet exercere et operari secundum artem meam inter chnstianos illam medicinam quæ^magis sit utilis nobis pro illo membre [a.ii. ] quod illuminât totum corpus : quæ scientia erat prætermissa et ibat per manus insipieiitium ijui intromittebanl se absque ralione et side cogiiitione artis, et confondebant multos homines opérantes cum magno errore.

QUI SIT OGULIS

Oculus est callus concavus plenus aquæ clarissimæ, positus in fronte capitis ut ministret lumen loti corpoi'i adjuvante spi- ritii visibili cum majori lumine.

Et est instrumenlum pretiosum sic ordinatum quod a parte nervi visibilis extra concavilatem est carnosum, sed a parte palpebrarum est clarissimum et per medium illius claritatis apparet pupilla per quam spiritus visibilis veniens ad nervum concavum habet exitum suum infra aquas et tunicas.

Quid est callus concavus? Callus concavus est instrumen- tum pretiosum compositum cum tunicis et humoribus. Et hoc instrumenlum sive membrum pretiosum dicetur instrumen- tum per similitudinem quia sicut instrumenlum liguti vel citharæ est concavum ad hoc ut sonus diversarum cordarum repleat totam concavitatcm instrumenti ut simul in unam vocem concordent. Ita oculus est concavus ut spiritus visibilis veniens per nervum opticum repleat totam concavitatem

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oculi donec iungantur cum raajori claritate et simul lumen corpori ministrent.

Et dicitur oculus ab obtico nervo, unde obtiens græce latine dicitur concavus.

Quid est fons capitis? Fons capitis est antralillus ille in quo, sive ubi oculus est positus. Et fons dicitur ideo quia cursus lacriinales semper habent meatum per ilium fontem de quo tuniese modo veniant per tristitiam cordis aut per frigi- ditatem ipsius capitis.

DE TUNICIS OCULORUM

Dicit autem Johannitius quod septem sunttunicæ oculorum, quarum prima [a iii] vocatur retina ; secünda, secundina; tertia, scleros; quarta, aranea ; quinta, uvea; sexta, cornea ; septima, conjunctiva.

Si tunicæ oculorum sunt septem secundum Johannitium ; ergo cum prima tunica frangitur, tota substantia oculi devas- tatur. Sed quia secundum nos non sunt nisi duæ, et cum prima frangitur, tota substantia devastatur et oculus consu- mitur cum suis humoribus, alia vero est perforata, et propter foramen non potest retinere humores oculorum quæ non exeant postquâm prima tunica est fracta.

Quid est tunica oculi ? Tunica oculi est ille circulus clarus qui in multis apparet niger aut varius, et per medium circuli est foramen, de quo foramine dicitur pupilla per quam spi - ritus visibilis veniendo per nervum concavum habet exitum suum etrecipit lumen a majori claritate.

Et dicit Johannitius quod colores oculorum sunt quatuor: niger, subalbidus, varius et glaucus. Nos autem Benevenutus dicimus quod non sunt nisi duæ tunicæ oculorum tantum,

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quia per maximum exercitium et longa expérimenta nostra probavimus et invenimus per anathomiam nostram oculorum duas esse tunicas tantum. Et primam vocamus salvaticam quia salvat et conservât totum oculum et reiinet omnes humores oculorum. Secundam vero vocamus discoloratam ideo quia non est color in ea.

Unde dicimus quod nullus color est in oculis, sed accidit propter situm humorum, scilicet propter claritatem humoris cristallin!, quia cum humor cristallinus est prope tunicas oculi, videtur de uno colore ; et quum est in medio videtur de alio colore; quando vero est in profonditale, de alio colore. Et sic variatur unus ab alio secundum si tum humorum, quia si oculus haberet colorem, omnis color videretur de illo colore; sed quia [a. iii] non habet colorem, recipit omnem colorem. Unde per similem, si lingua haberet saporem, omnis sapor videretur esse de isto sapore; sed quia non habet saporem, recipit omnem saporem. Et nonne quum colera dominatur in ore stomaci omnia videntur pacienti esse amara propter amàritudinem colæ quæ est prope linguam? Unde illi qui habent humores in profunditate, apparent oculi eorum nigri, etmelius vident; sed postquam veniunt in spa- tio et inætate XXX.annorum, deteriorantur. Et illi qui habent humores in medietate, bene vident a puericia usque in senec- tutem, et apparent oculi eorum mediocriter nigri ; sed in mul- tis de istis superveniunt obtalmiæ et panniculi « plus » quam in aliis. Et illi qui habent humores juxta tunicas sunt varii et pendent in albedinem : omnes non bene vident in puericia neque in senectute sicut et alii, quia magis superveniunt lacrimse et reuma in instis variis quam in aliis, et sein- per habent palpebras rubeas. Ideo dicimus quod idcirco non bene vident quia spiritus visibilis veniendo per(l) nervos con-

(1) Le copiste avait mis deux fois per.

17 ~

cavos, et inveniendo humores juxta tunicas citius disgrega- tur et refugit extra.

Diximus vobis de illis in quibus apparent oculi varii et pendent in albedine, qua de causa multi illorum non bene vident; jammodo dicemus vobis de illis qui habent oculos médiocrité!- nigros, qua de causa durât magis in eis visus quam m aliquo istorum. Dicimus idcirco quod humor cristal- linus residens in medio et spiritus visibilis per nervos con- caves facit ibi residentiam propter humorem varium et tuni- cas oculorum quæ retinent eum et non potest ita cito disgre- gari.

Narravimus vobis de illis qui habent humores in medio oculorum, qua de causa durât magis in eis lumen quam in aliis. Expedire volumus [a. v.] vobis de illis qui habent humores in profunditate et in quibus apparent oculi eorum nigri et melius vident et in multis non durât usque in senec- tutem. Dicimus ideo melius vident propter profunditatem humoris cristallini quia spiritus visibilis invenit majus spa- tum oculorum antequam per transeat humorem vitreum extra tunicas oculorum.

Si vultis scire qua de causa lumen oculorum in multis isto- rum non durât usque in senectutem, ista est causa ; quia magis superfluunt et superveniunt catharri et fumositates in istis quam in aliis.

DE HUMORIBUS OCULORUM

Narravimus vohis de tunicis oculorum quæ sunt septem secundum Johannitium, et secundum nos, duæ ; et explana- vimus vobis quo modo color et quare non est in oculis, quod

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accidit propter situm humorum et quod variatur unusab alio, et qua de causa videtunus melius quam alius.

Jammodo procedamus et dicamus de humoribus oculorum.— Dicimus ergo quod très sunt humores oculorum ; primus dicitur albugineus; secundus, cristallinus ; tertius , vdtreus. Albu- gineus dicitur quia similus est albugini ovi. Cristallinus quia assimilatur crislallo. Vitreus quia assimilatur vitro.

Nimc volumus vos docere qualiter ocidus est compositus in capite cum humoribus suis secundum anathomiam nostram probatissimam quam fecimus et ita invenimus. Est enim oculus quædam concavitas in summitate nervi obtici,et conca- vitas ilia est plena aqua glauca vel glaucosa, et est diversa aqua ilia in tribus manieribus : scilicet in specie, et in nomine, et in figura et in tactu. Unde prima species est in tactu similis albugini ovi; seconda autera sicut aqua congelata; tertia vero habet tactum sicut gumma recens ; et oranes sunt in una substantia et non sunt separati in una figura [a vi] et habent divisionem in tactu. Et sic in nomine. Unde primus color est ille quem Johannitius vocat albugineum ; secundus quem vocat cristallinum ; tertius quem vocat vitreura. Et omnes istæ ordinationes sunt secundum ordinationem Dei composilæ in instrumente capitis cum VII tunicis cooperlisa parte palpebrarum secundum Johannitium, et secundum ana- thomiam probatissimam quam probavimus et invenimus, quod hoc est instrumentum quod est coopertum a parte palpebrarum de duabus tunicis. Et illam lunicam quam Johannitius con- junctivam vocat, invenimus totam integram quæoculum ampli- ficabat médiocrité!’ sive per medium, et nos vocamus ipsam salvatricem et habet tactum sicut pellis callosa, et est tenuis subtilissima ad modum spolli cepæ quem comeditis de eis crudis, et invenitis sub cortice intrinseca a parte cepæ illud panniculum folii.

Est alia tunica quam nos vocamus discoloratam, et inve-

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nimus qiiod occupât omnes très humores circumcirca, et erat nigra : per medietatem ilia nullum colorem habebat, sed appare- bat lucida sicut cornu lucidura, et ab ilia parte erat perforata, et illu i foramen erat rotunduin, et erat ita magnum ad mo- dum unius grani milii. Silicet era separata a tunica prædicta salvatrice quam Jobannicius vocat conjonctivam et quæ pote- rat stare inter unam et aliam extra foramen medium grani frumenti .

Et dicimus quod aliquando invenimus elevare catbaractam a separatione quam facimus de ea, aut cum credimus ipsam mittere inferius, sicut facimus de aliis catbaractis, et ipsa exitde concavitate per illud foramen et perraanet per unam tunicam et aliam, ita quod apparet extra oculum quasi [a vu] aqua congelata putrefacta . Unde dicimus quod per illud foramen exit spjritus visibilis et recipit lumen a raajori lumine.

- Et invenimus scilicet aliud foramen a parte cerebri in sum- mitate nervi, concavi esse tamen ab ilia parte intrinseca ubi ^ tenetur oculus a nervo, erat tunica discoldrata perforata

sicut est aparté palpebrarum, et tunica prædicta erat cooperta ex Omni latere de callo, et super ilium callum invenimus carnositatem viscosam, cum a parte palpebrarum invenimus i pelliculam circumdantem tunicas claras per quas intrat spiritus ( visibilis per foramen in intrinseca parte et résultat intus I infra bumores et recipit lumen per aliud foramen quod dici- \ tur pupilia ad majorem ciaritatem.

> Diximus vobis de bumoribus oculorum et nomine eorum,

; et patefecimus qualiter compositus est oculus in capite et quo modo est concavus et plenus de omnibus bumoribus, et : VII tunicis compositus secundum Joannicium et secundum

' nos de duobus tunicis tantum, Jammodo dicamus de complec- tionibus et suhstantia unde nutriuntur.

Dicimus ergo complectionem primi bumoris scilicet albu- ginei ; et dicimus quod est frigidus et bumidus ; cristalli-

•.4

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nus, frigidus et siccus ; vitreus scillicet, frigidus et siccus, sed tamen minus habet de frigiditate quam alii, quoniam tempe- ratur frigidilas sua per calorem sanguinis qui est in palpebris, ideo quia magis eis vicinatur quam alii.

Et dicimus quodbumor vitreus et cristallinus nutriuntura gummositale cerebri.

Jammodo procedimus de infirmitalibus supervenientibus et earum curis necessariis, et ptimo catharactis.

CATHARACTA

Dicimus ergo quod VII sunt species [a. viii] catbaracta- rum ; quarum IV sunt curabiles, et III incurabiles.

Unde explajnare vobis volumus primo de illis quæ sunt curabiles, quia per certum cognoscitur incertum et non e converso.

Prima ergo species est (1) iÜa quæ est alba sicut calx puris- sima.

Secunda est alba tum vertitur in colore celestino.

Tertia est alba, tum assimilatur (2) cinericio colori.

Quartavero apparet quasi citrina. Seddeista specie, scili-

cet citrina, paucæ et paucæ inveniuntur.

•••

Dicimus de speciebus catbaractarum curabilium' quod sint, et de coloribus earum. Nunc volumus vos docere de acciden- tibus et curis earum secundum virtutem et artem nostram probatissimam oculorum.

J[l) Diximus vobis... efEacé par rannotateur (2) Vertitur idem.

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Diciiïîus 6i’go quod [iriina speciôs Gst ilia cjusg Gst alba sicut calx purissima. Accidit propter percnssionem accidentem in oculo, quocuraque modo sit percussus oculas exlerius aut ciim virga, aut cum baculo, aut cum stipite, aut cum lapide, aut cum arangia quum homines ludunt aliquando in plateis, et similia istis.

Secunda autem species quæ est alba et assimilatur colori celestino, dicimus vobis quod procedit a stomacho, et accidit occasione malorum ciborum ex quibus resolvilur fumositas grossa, et ilia fumositas ascendit ad caput, et intra cerebrum, et cerebrum mittit ad oculos.

Tertia species quæ est alba et quæ convertitur in cinericio colore, accidit ex multo dolore capitis, sicut est dolor emi- graneus; et aliquando accidit propter nimiam frigiditatem et propternimiam arigustiam et planctum lacrimarum, et vigilias et similia illis.

Quarta species quæ est quasi pertinens in citrino colore dicimus quod accidit ex multo potu et multa comestione, et per magnum laborem; et dicimus quod generatur in multis ex humore melancolico.

Diximus vobis causas et accidentia catharactarum curabi- lium, jammodo docebimus vobis curam earum.

Et ita dicimus quod omnes isiæ species quatuor [a. ix] curabiles nunquam poterunt curaii nisi prius compleanturet bene confirmentur. Et postquarn sunt completæ et confir- matæ hæc sunt signa : quia ab illahora inantea paciens nihil videt nisi claritatem solis in die, et lumen lucernæ in nocte.

Multi stolidi medici ignorantes curas credunt ipsas curari cum purgacionibus et pulveribus, sed falluntur, quia istæ catharactæ nunquam possunt curari neque cum medicinis laxativis, neque cum pulveribus, neque cum electuariis, neque cum colliriis, ideo quia sunt subtus omnes tunicas oculorum et suntgeneratæ de humoribus oculorum sciJicet : de humore

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albiig'ineo, (|uia occasione supradictorum accidenliiim humor alhugineus dissolvitur in parte et putrescil, et ilia putrefactio est quasi aqua coagulata et ponitur ante lucem inter turiicas et huniorem cristallinum : inde sarraceni et arabes vocant ipsam ilmesarat (1), in latine aqua celestina : unde antiqui philosophi vocabant ipsam putrefactam in oculis ; nos autem et providi magistri salernitani vocant ipsam catharactam ideo quia aqua ilia putrefacta ponitur ante lucem, id est anie pupillam inter tunicas et lumen oculorum.

Ergo non possunt curari cum pulveribus, neque cum aliis medicinis quæ dari possunt extrinsece et extrincese, nisi se- cundum magisterium nostrum et artem probatissimam ocii- lorum a nobis Benevenuto Grapheo compositam. Et hæc est cura. Primo oporlet in bac cura purgare cerebrum pacientis - cum pillulis nostris Iherosolimitanis a nobis compositis ; ad quas : R. I i (2) turbit (3), aloes epalici (4) J ti, macis (5),

(1) Ilmesarat, illincosarar dans le texte frnnçais ; liinzaret, dans l’Incunable de Ferrare .

(2) Voici la signification de ces vieux signes employés dans les formules :

R, ou ou P, au commencement de la formule signifie : Recipe, prends, îb = une livre, ou XII ou 500 gr.

5 = une once, ou VIII 3 , ou 30 gr.

3 = un gros, ou drachme, ou III 9 , ou 4 gr.

9 = un scrupule, ou XX g, ou 1 gr. 274.

g ou GR = un grain, ou 0,05 centigr.

Le signe après le signe d’un poids, signifie semissis ponderis, la moitié de ce poids : par exemple, ^ ti voudra dire une demi-once. '

Le nombre des poids s’écrit, avant ou après le signe, en chiffres romains ma- . juscules ou minuscules : VI . 3 . ou vi . 3 . ou vj 3 , lisez six drachmes. '

Pour les substances sèches : m ou M = manipulum, poignée, m. j = une poignée.

(Docteur Pansier et Ch. Laborde, Le Compendil de Bienvenu de Jérusalem). \

(3) Turbit. Racine de turbith . (id.)

(4) Aloes epatica. La partie la plus pure du suc d’aloès, affectant une ^

couleur hépatique (Schroder). Aloes est de medicinis confortantibus vi.sum J (B’arnabas de Reggio). (id) . >

(5) Macis. Enveloppe ou péricarpe de la nux moschuta, noix muscade. (>d.) V

cubebe, masticis (1), ââ ^ i, et conficiantiir cum succo rosa- runm ; et in sequenti die post purgationem, in hora tertia, jeju- nio stomacho, fa-[A. x]-ciatis sede.re pacientem in uno scapno ut equitet, et tu sedeas simile cuin ipso paciente, faciès ad faciem ; et teneat paciens oculnm sannm clausuin ; et incipe curare alium in nomine Ihesu Christi. Et cum una manu, subleva palpebram superiorem, et cura alia manu, teneas acum argenteam, et ponas illam acum a parte lacrimalis minoris, et perfora oculum cum acu torquendo et dislorquendo cum digitis suis, donec tangas cum puncto acus aquam illam putrefaclam quam Sarraceni et Arabes vocant ilmesarat, e inter nos dicitur catharacta. Et incipiamus desuper cum puncto acus, et removeas ipsam a loco ubi manet, id est ante pupillam, et facias ipsam descendere inferius, et sustineas ipsam ibi cum puncto acus per tantum spatium temporis, quod 4 vel5 pater noster possunt dici. Postea removeas acum plane desuper, et si accidat quod revertatur, sursum reducas ipsam ad partem minoris lacrimalis, id est versus aurem.

Sed nota postquam posivisti acum in oculo non debes ipsam extorquere nisi prius collocetur catharacta a parte, si cutsupe- rius dictum est. Postea plane et suaviter extradas acum sicut intus misisti, torquendo et extorquendo cum digitis suis. Et extracta acu, faciès tenere oculnm pacientis clausum. Item habeas borabacem, et intingas in clara ovi, et ponas super oculum pacientis, et facias ipsum jacere ,in lecto supinum usque ad 9 dies, oculis clausis ita quod non moveatur ; et clara ovi superponatur ter in die cum bombace, et simile in nocte usque ad prædictum terminum. Et sit locus ubi ipse jacet obscurus ; et come-[A xi]-dat in illis diebus ova sorbilia cum

(1) Masticis. Mastiche ou mastic; gomme résine dulentisqua(Schroder). Pisteïa lenticus. Avicenne la recommande contre l’inversion des cils, (id.)

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pane; et si esl juvenis, bibat aquam; et si est senox, bibat viiium bene limphatum. ^

MuUi autein precipiunt et volunt ut comedat carnes receii- I les et gallinas; nos vero istud prohibemus, quia multum nulriunt, et posset abundare per multum nutrimentum san- guis in oculis, et hoc esset contrariura nostris curis.

binito numéro IX dierum faciat sibi signum santse crucis, et surgat a lecto, et abluat se cum aqua f'rigida, et demum paulatim conversetur in faclis suis.

Et tali modo curantur omnes catharactæ curabiles, scili- cet calcina, eelestina, cinericia, et citrina. Et si quislibet curaret nisi secundum magisterium nostrum et artem proba- tissimam oculorum, ignoraret causam et curam.

Et hanc curam vocamus nos acuare, ideo quia fit cum acu argenteo, vel de auro, puro, vel de ferro. De ferro autem prohibée, quia tria possunt inde contingere pericula: primo, quia durum est, et ex duricia sua dissolvit ubicumque tan- gii: secundo, quia si catharacta est dura ac de separatione quam tu facis ante lucem posset puncta acus frangi et rema- nere in oculo: et si puncta acus remaneat in oculo, ab ilia occasione tola subtancia oculi consumetur propter dolorem oculorum semper lacrimando; tertio, quia magis dolet et pondérât et sentit per suam duriciem quam si esset de argento vel auro.

Habetis contraria de ferro quæ possunt contingere mul tum? in opéré nostro. Nunc dicemus vobis de auro et argento. Dicimus quod ambo sunt bona propter puritatem et molliciem eorum, sed [a xii) aururn magis clarificat propter dominium suum quia frigidum et humidum est in oculto suo.

Audivistis a nobis causas, species, et accidentia et curas calharactarum curabilium ; jammodo dicemus et docebimus divisionem quæ est inter uiiam et aliam de restauralione luminis, in quibus earum,post restauracionem, melius videant ;

I

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verbi gracia, ilia quæ est alba sicut calx et accidit propter percussionem, ut superius dictumest, facilius caralur ettamen non bene vident, ideo quia propter percussionem quam sus* tinuit in oculis, humores oculorurn, scilicet cristallinus, albu- gineus et vitrens, dissolvuntur in parte sicut dissolvuntur in aliis partibus corporis humores, quando aliquis est perçus - sus gladio, vel baculo, et aliis similibus. Modo habeiis spe- ciem, causam, divisionem de restauracione luminis de prima catharacta. Dicto de prima specie catharactarum, nunc doce- bimus vos de secunda.

Dicemus vero de secunda specie catharactarum quæ est alba, et convertitur in celestino colore. Si est bene curata cum acu, sicut supra dictum est, dicimus quod ad sanitatem pristinam luminis revertitur. Et si vûltus scire qua de causa accidit eis, dicimus quod propter puritatem humorum et habundantiam spiritus visibilis exeuntem in oculis. Unde firmiter credatis quod illi qui paciuntur de secunda specie melius videbunt quara de omnibus aliis speciebus.

Dicto de secunda specie, dicere volumus vobis de tertia quæ est alba et pendet in colore cinericio.

Dicimus ergo quod postquam erit curata, sicut superius diximus, et^recuperatum erit lumen, non diu permanebit in eodem statu nisi juvetur cum aliis medicinis, scilicet cum diolibano nostro (1) Iherosolomitano frequentius sumendo [a.xiii] : R olibani (2) § ii,gariofoli (3), nucis muscatæ, nucis indicæ (4), croci (5) , ana J ü , boni castorei (6) J i ; hœc

(1) Dyaolibanum noetrum, ou Electuariuin Hierosolimitanum, ou Irrsitarium.

(2) Oliban. >t6avoç, encens.

(3) Garifolus. Gariofilus^ girofle.

(4) Nux indica. Fruit d’un arbre pal/nœ (Dioscoride). Coccos nucifera.

(5) Crocus. Safran, très employé dans les anciens collyres. Abstergit vi- smn et probibet Iluxum ad oculos, viilet ad pannum (Avicenne).

io) Castoreiim. Testicules du castor séchés à l’ombre (Schroder). Sub-

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omiiia pulverizentur et cribellaniar et cum melle bono clespu- inato conflciantur, et lac in electuarium de que recipiat paciens, jejuno stomacho, ad quanülatem bonæ castaiieæ ; in sero etiam sirniliter cura intrabit lectum ; et custodiat se a cibariis contrariis, et semper ulatur cibariis digestibilibus et calidis et huraidis et bonum sanguinem generantibus ; et custodiat se serapera frigidis et siccis. Caveatsibi acarnibus vaccinis, caprinis et hircinis, ab anguillis, fungis (?), a cepis crudis,^quia multum offendunt et ledunteos ; et de hoc sumus experti, quia multi venerunt in cura nostra qui non habebant catharactas complétas, et nos dabamus eis ad comedenduin cepas crudas, ob hoc ut cicius complerentur et raagis firma- rentur. In hieme vero semper bibat vinum calidum in quo ponatur salvia (l),et ruta, et custodiant se a boitu plus quam possint, et nunquam intrent balneum vel stupam, et si velint intrare et se balneare, préparent sibi tinam in domo sua cum aqua decoctionis camomillæ et aliarum herbarum odorifera- rum, et teneant faciem suam extra tinam ut fumositas recedat extra tinam et non noceat oculis suis.

Audivistis de tertia specie catharactarum curabilium, et contraria quæ sibi contingere possunt, et rigimina bonorum ciborum; et docuimus vos bonum electuarium pro^istainfirmi- tate et pro aliis infirmitatibus oculorum quæ superveniunt de humoribus Frigidis; et non tantum valet in istis, sed etiam .valet ad constringendura lacrimas , et ad omnem dolorern emigraneum qui venit de reumate.

Docuimus vos de tertia specie catha-[^. xiiii]-ractarumcura- biluum, jammodo volumus vos docere de quarta. Quarta

stance résineuse, brun rougeâtre, d’une odeur forte, sécrétée par des glandes situées sous la peau de l’abdomen du castor.

(1) Salvia. Sauge, s. officinalis.

species quæ est quasi citrina, diciinus quoi est durissiina inter omiies alias, et rotunda, et quum capis ipsam cum acu, non debes ipsam ponere nec reducere inferius, quia non staret propter rotunditatem et duriciam suam; sed pone ipsam a parte lacrimalis majoris, et fige bene ipsam ibi; postea cum extraxeris acum, vertas manum tuam a parte nasi, postea extralies acum plane torquerjdo et retorquendo cum digi- tis tuis, sicut habes in cura acuandi.(?)

Unde recordamur vobis, karissimi, quod omnes illi qui fuerunt passi de omnibus speciebus catharactarum curabilium præter cinericiam, non oportet eis facere fieri abstinentiam a cibis quia experti sumus de hoc quia non nocet eis, sed tamen oportet eis dare confortantia et nutritiva ut nimium - confortentur, per quas spiritus visibÜis semper résultat in oculos.

Jam explevimus vobis tractatum catharactarum curabilium, et docuimus vobis causam, accidentia et curam de omnibus secumdum experientiam nostram et artem nostram probatis- simara oculorum; deinde revertamus ad illas très species quæ sunt incurabiles.

Unde dicimus de prima specie incurabili : prima species incurabilis est ilia quam medici salernitani vocant gutta,m serenam; et hoc est signum cognoscendi eam, quia pupilla es^t niirra et clara ac si non haberet illam maculam , et inter .concavitatem oculorum apparet in colore sereno, et } ocnli semper moventur cum palpebris suis quasi tremendo ac ^ si essent pleni ai-gento vivo. Et nos jam vidimus multos qui i fuerunt cum ilia infirmitate ; unde dicimus quod accidit eis ex ? utero materno pro aliqua corrüptione quæ dominât [a. xv]ibi, I et ideo nascuntur sine lumine. Et nos probavimus multos [ curare cum variis et diversis medicinis. et nullum potuimus ?■ (Mirare. Inite sciatis, karissimi, quod nunquam vidimus vol 1 audivimus aiiifuem ante nos qui posset eos curare. Tamoti aliqui

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istorum vident quasi claritatem diei, et vadunt per viam ocu- lis aperlis ac si vidèrent. Et mulii de illis sunt qui vident statui ani hoininis vel aliquid alterius rei, et in quibusdam istorum permanet illud tantillum luminis usque in senectuteni vitæ suæ. Et aliqui de istis talibus sunt in quibus nos durât, vel nihil vident ac si non haberent oculos. IJnde, karissimi, ita vere diximus vobis quod si omnes isti qui patiuntur talera infirmitatem quæ dicitur gutta serena, tam dicimus de illis qui vident aliquantulum sicut superius diximus, quam de illis qui visum ex toto amiserunt, unde credatis quod si quilibet istorum haberet totum aurum de mundo ettotum vellet dare, et si omnes homines de mundo essent medici, non possent eis ullum juvamentum dare, nisi Deus et Dominus noster Ihesus Christus faceret illud cum sua divina virtute ; ideo quia nerva concavi vel obtici sunt ita opilati et mortificati quod nullum auxilium pertinens ad medicinam posset eos juvare.

Et vocamns eam catharactam serenam, ideo quia generatur a qUadam corrosione descendente a cerebro ad modiira guttæ aquæ, et descendit sic repente quod omnes humores oculorum corrumpit et dissolvit a loco suo tali modo quod ab ilia hora inantea nervi concavi opilafitur sicut superius diximus.

Narravimus vobis de prima specie catharactarum incura- bilium, et diximus causam, accidentia et signa, [a. xvi]. Nunc nararre et dicere volumus vobis desecunda specie in- curabili.

Secunda species incurabilis est ilia quæ apparet intus oculis quasi viridis in colore, sicut lippitudo quæ est in aquis in multis locis. Unde sciatis quod ista species catharactarum in- curabilis est, et non pâiilatim .venit, sed subito descendit et ita repente quod ab ilia hora inantea , paciens nihil videt ac si non haberet oculos. Unde dicimus quod ista species est delerior omnibus aliis.

Audivistis signa, nunc cxplanarc volumus vobis causam et

accidenlia qua de causa ista species incurabilis pervenit in oculis. Dicimus quod accidit per nimiam frigiditatem cerebri et planctum lacrimarum, et per nimiam aiu istiam et vigi- lias, per magnum timorem et verberationes c.ipilis, per multa jejunia et similia.

Explevimus de secunda species, doinde explanare volumus vobis de tertia : tertia species incurabulis et ilia in qua tota pupilla apparet dilatata iali modo quod non videtur ibi cir- cidus tunicæ oculorum, sed totaliter lux apparet alba, vel nigra, postquam est dilatata, Firmiter credatis quod nullum juvamen quod pertinet ad medicinam posset eos juvare, et si quis vult eos juvare in vanum laborat.

RUBEDO ET ARDOR OCULORUM

Audivistis, karissimi, quot sint species catharactarum, et inter unam et aliam diversitates , et causas, et accidenlia earum. Modo incipiamus in nomine domini nostri Ihesus Christi de aliis infirmitatibus diversis et variis supervenien- tibus in oculis occasione IV humorum, scilicet sanguinis, flegmatis, coleræ, et melancholiæ.

Et primo docebimus vobis de sanguine. Et dicimus quod propter multitudinem sanguinis ascendit aliquando in oculis quædam rubedo et ardor, et ilia rubedo et ardor postea re- vertitur in pruritura, et palpebras tali modo depilat quod non reraanet ibi [a.xvii] pilus. Et si inflrmitas ista steterit per annum ut non curetur, facit palpebras reversare. Unde dici- mus quod antequam paciens perveniat ad ilium statum, adju- vetis ipsum cum isto collyrio Ilierosolimitano : R. tuciæ

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alexancirinæ (1) ^ i, et pulverizelur, et dislemperetur ad modum salse cum duobus libris boni vini albi, et ponalur in olla nova, et adjungatiir 5 i rosarum siccarum, et cum pi-æ- diclo vino bulliant ad lentem ignem, donec vinmn resolvatur ad medietatem ; postea coletur per pannum linteum, et ser- vetur in ampulla vitrea; et de illo bis in die in oculis mitlatur, scilicet mane et sero; et sic omnes pacientes liberabuntur per unam hebdomadam. Et postquam composuimus hoc colly- riiim,^ infinitos homines cum ipso liberavimus adjuvante deo.

Et recordamur vobis quod antequam medicetis eos, facetis

eos minuere de vena quæ est in medio frontis, si sunt juve-

nes; et si sunt senes, purgetis eorum cerebrum cum pillulis

nostris quæ sunt contra pruritum: R. aloœ epatici, sandali

rubei (2), esulæ (3), reubarbi, ân. g fj , turbith, et catapuciæ (4)

/

minoris, et agarici (51 J qtiartam partem; et confîciantur cum succo arthemisiæ, et recipiatur de eis secundum vires pacientinrn. Dicimus vero vobis quod non tantum valet ad pruritum oculorum, valet sed etiam ad omnem pruritum et scabiem totius corporis de quocumque humore sit. Et voca- mus pillulas eas Benevenuli, nomine compositoris sui, et tune dabitis ipsas ad honorem dei nostri.

(1) Thucie Alexandrina. Tuthia, seu tutia, seu porupholux, seu spodium, tuthie blanche. Dépôt blanchâtre qui se dépose à la surface du cuivre en fusion.

(2) Sandallum rubeum. Santalum rubrum, santal rouge (PterocarpUs san- talium).

(3) Bsula. Herbe au lait. Euphorbis erula.

(4) Catapucia minor. Espurge. Euphorbia lathyris.

(5) Agaricum. Agaric, champignon qui croît sur le tronc du Lanx-Kxiro- , pea ; il est très commun dans le Levant ; l’espèce la plus estimée venait d’A- . garia, centre de la Sarmatie .

OBTALMIÆ

Docuimus vos causam, accidentia et signa de pruritu ocu- lorum qui venit ex humore sanguineo, et notavimus vobis gloriosissimam curam secundum expertissimum magisterium noslrum, et arlern nostram probatissimam oculorum. Aclhuc docebimus vos alias infirmilates quæ [a xviii] procedunt ex habundantia sanguinis, et in quo tempore inagis superhabun- dant et nocent oculis.

Et dicimus quod hæc magis accidimt in fine augusti usque ad exitum septembris, in aliis temporibus. Et similiter acci- dimt propter mutacionem æris. Unde propter (hoc),obtalmiæ dominantur temporibus illis, et etiam propter comestionem diversorum fructuum qui tune comeduntur; et occasione ob- talmiæ inveniuntur panniculi in oculis.

Explanare vobis volumus quid est obtalmia. Dicimus vobis quod obtalmia quidam sanguis corruptus generatur ex humoribus caiidis, et ponitur super albedinem oculorum, id ! est circumcirca tunicas et nigredinem oculorum ; et ascendit ; in oculis cum magno furore et ardore, et cum magna babun- . dancia lacrimarum, et subito veniendo tumescunt oculi tali •; modo quod ab ilia hora Inantea paciens non potest dormire ^ nec quiescere, ideo quia apparet sibi sentire quod oculi sunt J pleni harena, spinis et fumo.

f Explanavimus vobis causam, accidentia, et signa de obtal- U mia, et docuimus vos quid est obtalmia secundum